De l'évaluation des PerDir - La règle des 5C (l'autre) est-elle immuable ?



Avant-propos

C’est un billet avec quelques acronymes, qui ne saurait être lu de façon simple par des non-initiés…

Cela pourrait être un billet à destination des chefs de petits établissements sans adjoint quant à la question de leur avancement en particulier, et leur notation de façon générale.

En réalité ce billet s’adresse plus aux DASEN, Rectrices et Recteurs, et à notre ministre.
Il s'adresse aussi aux élus syndicaux qui portent nos intérêts dans les discussions avec le Ministère.

En forme de coup de gueule, remettant ainsi exceptionnellement en cause ma ligne éditoriale.


Réflexion personnelle :
(C'est là que ça commence vraiment)

En échangeant  récemment avec mes pairs, j’ai appris qu’un mien collègue, depuis 17 ans bloqué au dernier échelon de la CN, qui s’étonnait de n’avoir enfin pu accéder à la HC, s’est entendu dire en substance par son DASEN « Vous avez fait la plupart de votre carrière sur des établissements de faibles catégories, c’est normal que vos collègues à la tête d’établissements de catégories 3 ou plus vous passent devant ».

A ces mots, j’ai ressenti la même colère que celle de mon enfance devant une injustice flagrante.
Et l’envie de pousser ce coup de gueule.

J’ai dirigé un collège de catégorie 3 avant de "redescendre" en 2 (condition indispensable pour avoir une chance de muter sur l’académie de Bretagne – décision sociale personnelle obligée, on ne choisit pas toujours sa situation familiale).

Je suis donc en mesure d’affirmer que ma charge de travail est plus importante aujourd’hui dans un collège de moins de 400 élèves sans adjoint qu'elle ne l'était dans un collège de 750 élèves avec un adjoint.
C’est sans commune mesure.
Avec un adjoint, la charge était bien répartie au sein de notre équipe et je me sentais moins sous pression.
En plus de la question psychologique de l’isolement professionnel.

Et c’est là qu’on entre dans un vrai cercle vicieux : 

En ayant un adjoint, je pouvais m’impliquer plus au niveau académique : j’étais formateur et pilote d’un beau dispositif de formation des cadres, représentant syndical, je pouvais être plus absent de mon établissement et ainsi être visible en dehors.
Donc, disons-le franchement, j'étais « bancable ».
Je pouvais montrer une image de personnel investi dans ses missions et au service de mon académie.
Et mon établissement tournait bien, cerise sur le gâteau.

Aujourd’hui, si j’adore ce nouveau métier, je n’ai que peu le loisir de pouvoir sortir de mon collège.
Je n’en suis pourtant pas moins investi.
Seul chef avec un CPE impliqué dans un dispositif académique (je trouve ça formidable pour lui), mon devoir est d'être présent le plus possible parce que ma priorité doit être d’assurer la sécurité des biens et des personnes (formule consacrée) et la bonne marche de mon établissement.
J’assure ainsi toutes les missions de direction sans rechigner, avec dévouement et passion.
C’est donc un autre métier, pas moins important.

Mais invisible aux yeux de ma hiérarchie.

Ce qui en soit ne serait absolument pas un souci si cela ne venait pas m’handicaper dans le cadre des tableaux d'avancement (par le simple fait du mode de calcul), et si cela ne venait pas non plus m’handicaper pour les pavés de notation à venir (et entendre « nous avons des quotas d’Excellent, vous comprendrez que nous les réservons à vos collègues proviseurs de catégories élevées et à ceux qui sont plus impliqués dans les dispositifs académiques, voire à des collègues plus anciens dans l’académie et que nous connaissons »).
Avec ce ressenti particulier qu’à partir du moment où l’on change d’académie, la reconnaissance explicite des missions passées n’existe plus (ressenti personnel de votre serviteur qui a changé deux fois de DSDEN en 12 ans -  et a été évalué chaque fois l'année de ces arrivées, hasard du calendrier).

Mes propos pourraient laisser à penser que je suis un peu dépitée, et en réalité c’est bien le cas...
Je trouve extrêmement injuste la façon dont nous avons d’être évalués, suivant des critères aussi inéquitables.

Si cela n’avait qu’une incidence sur notre ego, je crois que je pourrais aisément m’en accommoder.

Mais cela joue finalement sur nos mutations, puis sur notre rémunération, puis sur notre avancement (donc sur notre rémunération encore), et finalement sur notre retraite.
Je suis consterné d’entendre des collègues qui me disent viser un collège cat3 plutôt qu’un lycée cat2 parce que cela sera plus intéressant financièrement. Même si je comprends leur motivation…
La question du plaisir de découvrir un établissement différent passe en second plan, quand elle devrait être centrale.

Le système actuel n’est finalement ni égalitaire, ni équitable, ce qui renforce certains sentiments d’exaspération. Légitimes.

A quand une vraie remise à plat et un avancement suivant des critères objectifs humains plus que catégoriels ?
Ou alors une remise à plat complète et le même avancement pour tous (ce qui serait égalitaire à tout moins, à défaut d’être équitable totalement).

Jusqu’à présent, en bons soldats de la République, nous acceptions la règle des 5C (C’est Con Mais C’est Comme Ça), peut-être pourrions-nous démontrer qu’on peut faire mieux pour pas plus cher.

J'ai déjà eu par le passé l'occasion de m'exprimer sur cette question, sur le manque de reconnaissance des postes d'adjoints en cité scolaire (par exemple), avec souvent ce sentiment de prêcher dans le désert (depuis trop longtemps, pour ceux qui ont une la culture musicale de haute volée).
J'ai été formé à poser par écrit les choses afin d'avancer et de ne pas ressasser. 
Ça fonctionne en général.
Et je garderai toujours ce secret espoir de parvenir un jour à faire passer certains messages importants, à force de l'expression de ma conviction.

J'accepterai de toute manière in fine la règle des 5C, j'ai signé pour.

---------------------------------------
Si cet article vous parle, n'hésitez pas à le relayer 😊

Si vous avez un commentaire, lâchez-vous, c'est juste par là en dessous 👇

Commentaires