Du changement des machines-outils

Réflexion analogique. 
‪Dans l’industrie, quand on change de process ou de machines, je ne crois pas qu’on mette les personnels face à la nouveauté en leur disant : 
« Ça va bien se passer, on a confiance en vous. 
Cette machine fonctionne super bien dans l’entreprise à côté, vous allez voir c’est génial !
Donc : Voici un début de manuel d’utilisation, vous pouvez vous lancer ; et ça serait chouette qu’avec vos collègues vous réfléchissiez à comment le compléter et l’améliorer.‬ »‬
‪#hophophop !

‪En matière de pédagogie, pour exercer depuis presque 30 ans, il me semble que le premier écueil de toutes les réformes a été de faire l’impasse (ou presque) sur l’accompagnement au changement et une réelle formation à ces changements. 
A tout moins de penser que cet accompagnement allait se faire tranquillement au long cours et serait accepté sans sourciller par de bons petits soldats.
‪Comment aujourd’hui, en tant que cadre, puis-je objectivement reprocher à mes enseignants (j’assume ce possessif) d’exprimer des craintes et des angoisses face à leur métier ?
Ce métier qui était pure discipline (avec un peu de didactique dedans) quand j'ai commencé à enseigner, et qui nécessite maintenant des compétences bien différentes.

‪Comment donc ne pas être légitimement anxieux quand on t’explique en substance que tes méthodes (celles qu’on t'a apprises 🙄 il y a fort longtemps) ne fonctionnent finalement pas bien et qu’il y a bien mieux, sans prendre le temps réellement de te le montrer (voire, soyons fou, de t'en convaincre) ?

‪Si avec le temps j’ai acquis la conviction qu’effectivement il y avait mieux à faire et validé la nécessité de réformer, si j'ai trouvé formidable l'esprit de la plupart des réformes passées, j’attends depuis presque 30 ans (donc) que le discours soit plus accompagnant et que le temps de la formation en amont soit réellement pris pour chaque changement

Anecdote : Je me souviens au moment de la dernière réforme du collège (dont j'adhère totalement à l'esprit) être intervenu devant mon Recteur de l'époque, au nom de mon syndicat, en nous mettant en garde collectivement face à un manque cruel de formation en amont (et de m'être pris un soufflet mémorable - mais c'est un autre sujet).
L'accompagnement allait se faire, avec des collègues inspecteurs presque aussi perdus que nous, et nous allions voir que tout allait bien se passer.

Aujourd'hui, s'il reste beaucoup de choses positives de cette réforme, j'ai néanmoins le sentiment qu'on a laissé en plan pas mal de choses, que dans les collèges où un (jeune) dynamisme existait il se passe des choses formidables alors que dans des collèges moins avant-gardistes la prise en charge de la différenciation balbutie encore (pour ne prendre qu'un exemple). 
Sans vouloir blâmer qui que ce soit, à part peut-être notre incapacité collective à rassurer, expliquer et accompagner les personnels.

‪Le souci de la différence de temporalité entre le mandat politique et le temps long de la formation fait selon moi qu’en l’état cela ne va pas s’améliorer de sitôt...

‪Et je me mets à rêver d’un retour aux plans, sur des périodes longues déconnectées du politique.
Nous ne manquons pas de grandes femmes et grands hommes, de rectrices, recteurs ou anciens recteurs passionnés (et passionnants), de sociologues, philosophes, psychologues, inspectrices et inspecteurs généraux, etc., qui pourraient mener à bien un travail de fond, avec les personnels et dans la durée.

Il faudra juste un jour une volonté politique forte de dissocier un programme politique de l'intérêt commun en matière d'éducation.

Bref, c'est pas gagné.
Mais ça va bien se passer...








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