Orientation post 3e : Et si on laissait la décision aux familles ?

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Sauf erreur, il y a quelques temps on avait expérimenté sur une centaine de collèges répartis sur le territoire français la possibilité donnée aux familles de décider au bout du dialogue de l'orientation en 2nde GT (Générale et Technologique).

A l'époque j'avais applaudi des deux mains cette expérimentation en espérant que nous aurions un jour la possibilité de l'étendre.
Mais je n'ai pas eu la chance de lire son bilan et le dispositif n'a pas été généralisé.

Je croyais beaucoup à ce dispositif pour trois raisons :
  1. J'avais la conviction que, si le dialogue avec les familles était bien mené dès la classe de 4e, très peu décideraient en fin de 3e d'aller à l'encontre des propositions des conseils de classes.
    En ce qui me concerne, je travaille depuis 12 ans avec des équipes qui font bien ce travail et j'ai eu à gérer très peu d'appels.
    Si cela concernait trois élèves par an, c'était bien le maximum.
    Par conséquent, généraliser cette dernière décision aux familles n'aurait pas pour effet selon moi d'ouvrir les portes de la voie générale à des hordes d'élèves incompétents.
  2. Le taux de changement de décisions par les commissions d'appel est assez élevé de mon point de vue (même s'il doit être très disparate d'un territoire à l'autre). Ces changements sonnent à chaque fois comme un message de défiance envoyé aux équipes.
    Généraliser la décision aux familles éviterait ce désagrément.
  3. Je garde le plus important à mes yeux pour la fin : Si on donne à une famille la responsabilité de modifier l'avis d'un conseil de classe, on l'engage bien plus que toutes les promesses qui peuvent être faites dans le cadre d'un dialogue ou dans une commission d'appel.
    Si, malgré un avis défavorable à une poursuite d'étude en 2nde GT, une famille décidait de faire poursuivre ses études dans cette voie à son enfant, celle-ci deviendrait alors un peu plus co-responsable de la suite.
    Je ne saurais souhaiter à leur enfant de rater sa seconde mais cela facilitera grandement le dialogue ensuite en cas d'échec. De façon très pragmatique.
    En outre, et c'est mon avis, dans le cadre de la co-éducation inscrite dans le Code de l'Education, cela montre que l'avis des parents compte vraiment et que notre institution a aussi le droit de se tromper.
    Nous connaissons tous des cas autour de nous d'enfants (peut-être les nôtres, peut-être nous-même) pour lesquels certains prédisaient un avenir scolaire bien sombre et qui ont su rebondir de façon étonnante.
Je me dis que cette année si particulière devrait être l'occasion de faire preuve d'imagination et d'un peu de panache.
Nous venons par la force des choses de modifier en profondeur le Bac et le Brevet, nous allons avoir besoin de sérénité collective pour assurer la fin de l'année scolaire ; et si nous levions un verrou de plus générateur de tension ?

Et si nous apportions un peu plus de calme et nous montrions notre confiance mutuelle ?

Il se passe en ce moment de belles choses dans la relation parents-école.
Ce qui se passe en ce moment au sein des familles, l'investissement des parents, pourrait bien nous aider à leur faire encore un peu plus confiance quant à l'analyse qu'elles ont des capacités de leurs enfants.

Je sais que certains vont bondir en disant qu'on sape encore un peu plus l'autorité des enseignants, ceux-là même peut-être qui regrettent encore qu'on ne puisse plus faire redoubler un élève qui n'a rien fait de l'année, en regrettant ce temps où l'on brandissait le doublement comme une menace qu'ils jugeaient efficace.

Je suis moi convaincu du contraire.
A titre personnel, ancien enseignant, j'ai toujours pensé que mon autorité était ailleurs et qu'il n'y avait que moi qui était en mesure de la construire.
Mais c'est un autre sujet.

Or donc : et si on allait encore un peu plus loin cette année ?


Commentaires

Bernard Desclaux a dit…
Bonjour et merci pour ce texte.
Concernant les deux rapports qui ont été faits je vous propose de voir mon article sur Educros Orientation : jeux de mains… http://blog.educpros.fr/bernard-desclaux/2016/02/04/orientation-jeux-de-mains/ et également pour les Cahiers pédagoiques
Bernard Desclaux
Merci Bernard pour cet éclairage et ce complément qui répond à pas mal de mes interrogations.
Croisons maintenant les doigts pour un changement (opportuniste ?) qui ira dans le bon sens :-)